Si on s'en est tenu, sans se déplacer, aux simples chiffres annonçant la baisse du nombre d'exposants présents cette année à Hanovre, on pourrait croire que l'édition 2009 du Cebit a été un échec global pour la Deutsche Messe, avec une baisse de 25% du nombre d'exposants par rapport à l'an passé. Or, une simple visite et quelques interviews d'exposants et de visiteurs témoignent du contraire.
Parmi les autres éléments marquants de cette édition du Cebit, on notera – tout comme l'an passé – l'absence de véritable innovation de la part des exposants : celle-ci est d'ailleurs moins la faute de la Deutsche Messe que le signe d'une industrie sclérosée par le poids de ses standards, et qui peine à prendre des risques pour se réinventer, comme au cours des années 80 et au début des années 90. Finalement, c'est plus au sein de l'IF Industrie Forum Design eV que l'on aura pu faire le plein d'idées innovantes, dans de nombreux domaines, autres que l'informatique.
Enfin, on retiendra de l'édition 2009 du Cebit la présence remarquable de la France, qui a bien mieux occupé le terrain que la Californie, pourtant pays invité cette année, avec plus de 90 exposants contre 50 pour la patrie d'adoption d'Arnold Schwarzenegger. Ce dernier, venu représenter l'état qu'il gouverne, n'avait cependant pas manqué de rappeler qu'en cas de crise, il y a deux attitudes : se plaindre et ne rien faire ou se battre et en profiter pour prendre des parts de marché.
Parmi les sociétés françaises présentes, on trouve même des sociétés venues de l'autre bout du monde, comme le fournisseur d'onduleurs iPower, venu tout spécialement de la Réunion pour trouver de nouveaux distributeurs sur ses marchés de prédilection, l'Océan Indien et l'Afrique. Son directeur général, Alain Couderette, est satisfait du voyage puisqu'il a pu établir quelques dizaines de contacts, malgré le positionnement atypique de sa société, d'un point de vue géographique par rapport au salon. Il a également tout particulièrement apprécié, comme l'ensemble des exposants français, les efforts déployés par Global Fair et Ubifrance en matière d'organisation et de logistique, mais aussi de défense des intérêts des exposants français. Ainsi, les organisateurs ont, pour la première fois, mis en place au sein du Hall 9 (dédié à la recherche et aux nouvelles technologies) une surface dédiée aux instituts Carnot, pendant français de l'institut de recherche allemand Fraunhofer, connu et admiré outre-Rhin comme étant le creuset de l'innovation allemande. Ils ont également réussi à négocier l'implantation du seul pavillon national au sein de Planet Reseller. Particulièrement bien placé puisqu'à proximité d'une des principales entrées du Hall dédié aux revendeurs, il a rencontré un tel succès que, selon Suzanne Gatzemeier, gérant de Global Fair, plusieurs sociétés ont d'ores et déjà réservé leur présence sur ce pavillon pour la prochaine édition.
Quelques chiffres sur Planet Reseller :
Surface :
2008 : 10900 m2
2009 : 12000 m2
Exposants :
2008 : 150
2009 : 170
Visiteurs :
2008 : 79000
2009 : 82000
C'est là la meilleure preuve que non seulement le Cebit n'est pas en perte de vitesse, mais au contraire est en train de faire sa mue vers un salon plus professionnel et mieux qualifié, à la joie des exposants qui auront choisi de continuer à lui faire confiance…
Et pour le Cebit 2010 : place à la rationalisation
Après une édition 2009 unanimement réussie d'un point de vue qualitatif, la Deutsche Messe réfléchit d'ores et déjà à la prochaine édition du Cebit. On semble s'éloigner définitivement de l'événement accueillant plus de 800 000 visiteurs, tel qu'on l'a connu au début des années 2000. Déjà, il a été décidé que la prochaine édition aurait pour pays partenaire l'Espagne et se tiendrait non plus sur 6 mais sur 5 jours, du mardi au samedi. Selon l'expérience des exposants interrogés – mis à part ceux qui souhaitent avoir un contact direct avec le grand public – le week-end est essentiellement du temps perdu pour ceux qui sont à la recherche de contacts commerciaux. En outre, cela permettra aux exposants d'être revenus à leurs bureaux dès le lundi matin, et ainsi de ne perdre aucune journée de travail.
Une autre piste explorée par l'organisateur est une rationalisation de l'espace occupé : les halls 20 à 26 seraient abandonnés, la surface d'exposition se concentrant alors sur les bâtiments autour du centre de convention et sur les Halls 11 à 13, comme cela se faisait dans les années 90. On notera alors que, pour la première fois, Planet Reseller quitterait son hall historique (le 25) pour rejoindre un bâtiment non encore déterminé, dans lequel il accueillerait vraisemblablement un nombre encore plus grand d'exposants, plusieurs ayant d'ores et déjà manifesté leur intérêt pour être intégré à cet événement inaccessible au grand public. Ce ne sont cependant encore que des pistes de travail et rien n'a encore été décidé, selon le porte-parole du Cebit, Hartwig von Saß.
Source : ITr News