Équipés de puces Intel, les prochains Mac deviendront-ils des PC? A priori non, estiment des experts. Si Windows pourra désormais fonctionner sur Mac, MacOS ne pourra être installé sur d’autres PC.
Apple a pris sa décision: en 2006, les Macintosh seront progressivement équipés de processeurs Intel, et non plus de puces PowerPC G4 ou G5 d’IBM et Motorola. À compter de 2007, toutes les gammes auront basculé sur architecture Intel, occasionnant différents changements et interrogations.
Apple va-t-il produire désormais des PC comme Dell ou HP, et ne plus se différencier que par son OS? Pas tout à fait. Contactés par ZDNet.fr, Apple et Intel se refusent à tout commentaire. Mais en coulisses, tous les observateurs du marché s’accordent à dire qu’Apple continuera à se distinguer des autres constructeurs grâce aux composants (hardware) de ses machines.
Les prochains Mac ne devraient donc pas être des PC comme les autres. Avec l’architecture Intel, Apple pourra toujours réaliser des configurations spécifiques, à l’image de Sony qui conçoit des PC haut de gamme au design soigné et orientés multimédia. Quant au processeur, Apple n’a pas précisé s’il s’agira d’un Pentium similaire à celui des PC ou d’une version spécifique pour Macintosh.
Des puces qui ne seront pas exclusives
La seconde solution paraît toutefois peu probable. «Les puces pour Apple représentent moins de 2% de la production d’IBM, et chez Intel ce sera encore moins. Pour des raisons de coûts, il y a donc peu de chances que le fondeur réalise un processeur spécifique pour un si faible volume», commente pour ZDNet.fr Gary Barnett, analyste de la société d’études Ovum.
Quant à MacOS, le changement de plate-forme ne devrait pas avoir d’incidence sur ses fonctions; il suffira de l’adapter à la nouvelle architecture. Apple prépare d’ailleurs une nouvelle version de l’actuel MacOS X 10.4 (Tiger), que Steve Jobs a présentée lors de la Worldwide Developer Conference de San Francisco.
En 1999, la firme avait d’ailleurs déjà envoyé aux développeurs des versions de MacOS X en cours de développement (nom de code Rhapsody), fonctionnant parfaitement sur plate-forme Intel, rappelle une source proche du dossier.
La prochaine étape concernera MacOS X 10.5 (« Léopard »), le prochain OS prévu pour fin 2006 ou début 2007. Il disposera lui aussi d’une version pour plate-forme Intel.
Le défi de convaincre les éditeurs
Le changement d’architecture va en revanche avoir un impact réel pour les éditeurs de logiciels. Ils vont devoir adapter leurs applications MacOS, car un programme prévu pour fonctionner sur PowerPC n’est pas compatible avec l’architecture x86 d’Intel.
Pour faciliter le travail des développeurs, Apple commercialise d’ores et déjà un « kit de Transition » (Developer Transition Kit). Pour la somme de 1.000 dollars, il leur permet «de mettre au point des versions de leurs applications capables de s’exécuter sur des Mac équipés aussi bien de processeurs PowerPC que de processeurs Intel», indique la firme de Cupertino.
Mais tous les éditeurs ne seront pas confrontés aux même difficultés. La tâche sera plus facile pour ceux proposant des applications développées de manière native pour MacOS X (appelées « Cocoa »). C’est le cas notamment d’Office (Microsoft) pour Mac ou de Photoshop, l’une des applications phares de l’univers Mac. Son éditeur Adobe a d’ailleurs indiqué s’être déjà mis au travail.
Les éditeurs de logiciels MacOS 9 adaptés pour MacOS X (appelés « carbonisés ») devront de leur côté consentir à plus d’efforts. Une large partie du code devra être redéveloppée. «Cela ira de quelques heures à plusieurs jours, voire plus selon les cas», nous indique une source proche d’Apple.
Apple doit maintenant relever le défi de convaincre un maximum d’éditeurs d’opérer la migration rapidement. «Mais pour eux, cela signifie des coûts supplémentaires», rappelle Gary Barnett d’Ovum. «Ils vont donc simplement évaluer si l’opération sera financièrement intéressante pour eux. Or, il est possible qu’Apple vende un peu moins de machines dans un premier temps car des clients attendront l’arrivée de la nouvelle génération de Mac. Apple devra donc être très persuasif».
Restera le cas des clients, disposant déjà des logiciels pour PowerPC, qui ne veulent pas les mettre à jour s’ils changent de machine. Apple propose une solution: Rosetta, une application d’émulation de la société Transitive. Sa prochaine mouture devrait permettre d’utiliser les anciennes applications PowerPC sur plate-forme Intel. Comme tout émulateur, il y aura néanmoins des pertes de performances.
Pas de MacOS pour tous les PC
Avec désormais des Macintosh bâtis comme des PC, de nombreux observateurs ont relancé l’idée de voir un jour MacOS disponible pour des ordinateurs autres que ceux d’Apple.
«Comme techniquement il n’y aura plus de différences entre Mac et PC, les clients vont encore plus comparer les deux plates-formes. Et étant donné les prix pratiqués par Apple, certains seront frustrés de ne pas pouvoir installer MacOS X sur des PC plus abordables», estime Olivier Rimmel, directeur général de Mediacash.com, magasin informatique en ligne qui se présente comme le deuxième vendeur de Mac en France après l’AppleStore.
«Si Apple voulait gagner des parts de marché, il faudrait ouvrir MacOS à tous les PC. Mais je pense qu’ils vont continuer à fermer leur système», poursuit-il. Une analyse confirmée par Phil Schiller, vice président d’Apple, juste après l’annonce de Steve Jobs: «Nous n’allons pas permettre d’utiliser MacOS X ailleurs que sur un Mac».
À l’inverse, il ne sera pas impossible d’installer Windows sur un Mac. «Nous ne ferons rien pour empêcher cela», a-t-il précisé à notre rédaction américaine. De quoi permettre peut-être aux utilisateurs de comparer sur une même machine Longhorn, le futur OS de Microsoft attendu pour 2006 et MacOS X Léopard.
Source ZDnet News