Depuis quelques mois, techniciens et réalisateurs du cinéma retenaient leur souffle. Aaton, l’entreprise grenobloise qui a toujours eu une idée d’avance en matière d’image et de son, était en redressement judiciaire. Finalement, la société normande Transvideo a décidé de la reprendre Parlez-en à Godard, Malle ou même Spielberg… Aaton est une institution. Une PME qui a apporté énormément au cinéma grâce à ses caméras, ses enregistreurs de son et d’autres outils encore. Aaton, en plein coeur de Grenoble, l’endroit où bidouiller est un noble art, où inventer est un défi. Un état d’esprit dû à son créateur, Jean-Pierre Beauviala, 76 ans :
Depuis 40 ans, l’homme a mis sa matière grise au service de l’image et du son, fabriquant des appareils de prise de vue ou de prise de son professionnels. Prenons la fameuse paluche, cette caméra pas plus grosse qu’un stylo, c’est Aaton qui l’a inventéeet ça ne date pas d’aujourd’hui!
L’oeil mécanique, c’est un concept que Beauviala a aimé développer. Aaton a inventé une multitude de réponses mécaniques, optiques et électroniques pour faciliter le travail des équipes de tournage. Du coup, la petite entrepise a fait de l’ombre aux grandes sociétés internationales et un procès intenté par Arriflex entraînera, en février 1985, le dépôt de bilan d’Aaton, qui renaîtra néanmoins de ses cendres.
Suivent des trouvailles qui compteront: le Cantar, un enregistreur de son très utilisé; la caméra Pénélope réputée pour sa maniabilité.
Avec l’arrivée du numérique, Aaton n’est pas resté au bord de la route. La PME de Beauviala a inventé la caméra Delta Pénélope annoncée comme une révolution. Le problème c’est que Aaton s’est associé à Dalsa pour cette invention et la société canadienne n’a pu livrer des capteurs à grande échelle.
En avril, l’entreprise Aaton est donc tombée en redressement judiciaire. Le 18 juin, le tribunal de commerce de Grenoble a choisi Transvideo pour reprendre Aaton, Jean-Pierre Beauviala y a voit comme un signe. Transvideo est une entreprise normande de Verneuil-sur-Avre qui a beaucoup de points communs avec la société grenobloise. L’avenir d’Aaton semble assuré dans le même esprit, l’invention a tout prix.
Source : France 3 Alpes