Rétro-scoop

Nouvelles du passées, compréhensions nouvelles :

Suppression de la pub : l’avis des professionnels

Fabienne Servan-Schreiber, productrice : "Il faut construire une télévision de l’offre car la dictature de l’audience finit par créer une télévision de la demande. Il faut réfléchir à des programmes nouveaux et audacieux. Il faut une télévision qui vive et réfléchisse à moyen terme pour laisser aux émissions le temps de s’installer. Il faut enfin une ambition internationale, c’est-à-dire une politique de coproductions, de diffusion, de partenariats."

Serge Lalou, producteur : "Cela peut libérer les chaînes, non pas de la nécessité de l’audience, mais de celle d’être toujours à la même heure au même niveau d’audience – ce qui est actuellement le cas. Reste à savoir comment les financer. Taxer la publicité des chaînes privéesreviendrait à créer une situation étrange, dans laquelleles acteurs du public seraient amenés à souhaiter la réussite de leurs concurrents."
Serge Moati, producteur, réalisateur et animateur de "Ripostes" sur France 5 : "C’est une nouvelle
formidable. Je plaidais depuis longtemps pour une telle initiative. La question du financement n’est
pas un véritable problème. La commission Copé s’est mise en place, Bercy veille au grain, l’argent, ça se trouve ! Si l’on ne parle que du financement, c’est parce que l’on ne veut pas aborder le centre du problème, la création, qui est comme le passager clandestin du paquebot télévisuel."
Frédéric Taddei, présentateur de "Ce soir (ou jamais !") sur France 3 : "Si l’on croit qu’il suffit de mettre des livres à la télé à 20h30 pour faire de la bonne télé publique, on se trompe. L’absence de pub ne nous libère pas des contraintes d’audience, mais nous épargne le racolage. Il y a beaucoup de formes à inventer pour remplacer la pub, des programmes courts, modernes et audacieux."
William Karel, documentariste : "La publicité libère plus qu’elle n’enchaîne. Sa suppression rendra les chaînes publiques plus dépendantes du pouvoir politique et de l’Elysée. […] Je serais très gêné que le financement du service public dépende en partie de taxes sur de grands groupes privés au pouvoir. Je préférerais qu’on augmente la redevance."
Source : "Télérama" du 19 mars