Microsoft est pressé. S’il veut que son nouveau système d’exploitation soit prêt à la mi-2006, il doit ôter certaines fonctions qui sont intégrées à la prochaine mouture. La décision de la Comission européenne pourrait l’aider à trancher.
Afin de terminer dans les temps la prochaine version de son système d’exploitation (OS), connue sous le nom de code de Longhorn, Microsoft, va sacrifier certaines fonctions initialement prévues. «Nous étudions actuellement quelles sont les fonctions spécifiques qui devront être fournies», a précisé à notre rédaction américaine, vendredi 9 avril, Greg Sullivan, responsable en chef du développement de Windows.
Longhorn doit être lancé avant la fin de la première moitié de 2006, a assuré le responsable de Microsoft. Mais l’éditeur accuse des retards sur son calendrier initial. Il a notamment préféré concentrer ses développeurs sur la deuxième mise à jour de Windows XP. Le Service Pack 2 constituant, comme le confiait récemment Steve Ballmer, P-DG de Microsoft, une priorité (lire en anglais notre entretien paru le 7 avril).WinFS, Avalon et Indigo toujours au programme
Trois innovations majeures demeurent au programme, a indiqué Sullivan. Il s’agit tout d’abord de WinFS, nouveau système de fichiers, censé permettre d’organiser ses données selon un maximum de paramètres, comme leur auteur ou leur contenu. Également préservée: l’interface graphique, baptisée Avalon, qui rappelle celle de Mac OS X d’Apple. Les fenêtres sont ainsi dotées d’effets de transparence et d’animation et s’ouvrent comme des « pop-up ». Enfin, la nouvelle architecture de communication pour les services web, Indigo, devrait aussi être conservée.
Pour le reste, «il y a de nombreux scénarios possibles», a déclaré Sullivan, se refusant à citer les fonctions qui allaient être retirées. Ces dernières ne seront pas abandonnées, mais intégrées dans une autre version de Windows, appelée Blackcomb, a-t-il ajouté.
La décision de Bruxelles jouera-t-elle dans la balance ?
Initialement, Steve Ballmer avait présenté Longhorn comme la version de Windows possédant le plus large niveau d’intégration. Bien entendu, cette vision est à considérer sous un nouvel angle, depuis l’acte d’accusation de la Commission européenne du 24 mars dernier.
À cause (ou grâce) à Bruxelles, Microsoft devrait donc enlever les applications audio et vidéo, qu’il pensait pouvoir intégrer à son OS. Mais il pourrait étendre ce travail de « nettoyage » à l’ensemble des fonctions pouvant poser problème sur un front concurrentiel.
Parmi celles-ci figurent notamment la recherche sur le web, basée sur la technologie MSN Search, la sécurité, avec le projet de renforcement du pare-feu de XP et des fonctions d’antivirus, et la messagerie instantanée avec Windows Messenger. Autant de programmes, qui, intégrés dans Windows, réduisent la place pour la concurrence.
Reste que dans la maison Microsoft, on maintient que toutes ces décisions se prendront en considérant «l’innovation pour l’utilisateur», et non sous la pression juridique. «Il n’y a pas que des fonctions comme Media Player ou Messenger qui sont en jeu», indique un haut cadre de Microsoft France. «Il y a par exemple la reconnaissance vocale, qui est une fonction qui sera assurémment intégrée dans l’OS d’ici à une dizaine d’années. C’est pourquoi, il nous est difficile de dire aujourd’hui, si un élément sera demain intégré ou non dans notre système d’exploitation».
Source : CNET News.com