Voici venue l’époque des rétrospectives. GreenSI ne voulait pas non plus passer à côté de cette opportunité d’exploration, le nez dans le rétroviseur, pour mieux se préparer à aborder la suite en 2015. En 2014 la bataille des DSI s’est engagée sur 4 fronts pour accompagner la transformation numérique des entreprises et collectivités locales: utilisateurs, clients, usine et métiers :
Abordons, au travers de l’actualité 2014, ces quatre terrains pour mieux apprécier l’évolution des acteurs.
Sur le front de l’Infrastructure :
- La sécurité des SI sur la brèche en 2014
- Le « legacy » sous le tapis
- L’open source incontournable dans le cloud
- La consolidation de l’industrie des télécoms en Europe
- La réalité d’une offre « cloud français »
Sur le front des Utilisateurs :
- Savoir compter de 7 à 10, la saga Windows
- La bombe à retardement du BYOD
- Le collaboratif en panne, l’e-mail repart
- Poste de travail en entreprise: PC, tablette ou smartphone?
Sur le front des Métiers :
- En 2014, le Digital Business, c’est pour de vrai
- DSI et Digital Business, quelle organisation?
- Le bigdata est mort voici les mégadonnées
- IBM, Microsoft et SAP… la transformation des dinausores?
- Ça coince toujours pour transformation des SI de l’Etat
Sur le front des Clients :
- Les Google glasses: pour innover en mode « fail fast! »
- La French Tech porte le numérique sur le devant de la scéne
Sur le front de l’Infrastructure :
La Sécurité des SI sur la brèche en 2014 :
Ce n’est que la poursuite d’une tendance et non une rupture, mais 2014 a été marquée par le sujet de la sécurité.
Dès janvier les données de 4,6 millions de comptes Snapchat sont compromises. Puis au tour de Skype d’être piraté par des partisans du régime syrien, la Snecma d’être ciblée par des hackers via Internet Explorer, de Home Depot de révéler que 56 millions de cartes bancaires de ses clients sont parties dans la nature et d’Orange qui s’est fait pirater les données privées de 800.000 clients.
Le piratage similaire de la chaîne de distribution Target a conduit à la démission du DSI.
La DSI est aussi sur le pont quand la faille Heartbleed est découverte dans OpenSSL, utilisé par des millions de sites et de serveurs, dont ceux des entreprises qui utilisent l’open source pour leurs sites Internet.
Cet incident fut la démonstration de la capacité du logiciel libre a fournir rapidement des correctifs, et de l’intérêt pour le libre d’être utilisé par les Géants du web (Google, Facebook,…) qui ont mis sans tarder leurs équipes pour combler la brèche béante.
L’offre en matière de maîtrise de la sécurité pour les entreprises s’est renforcée en 2104 avec Orange qui s’offre Atheos, spécialiste de la cyberdéfense. Une cybersécurité prise très au sérieux au plus haut de l’Etat avec l’extension des pouvoirs de l’ANSSI, et un investissement de 100 millions pour la sécurité des SI de l’Elysée. Il est vrai que les révélations sur la NSA en 2014 ont confirmé la lecture de 200 millions de SMS par jour et l’espionnage systématiques d’ordinateurs, mêmes déconnectés (via des chevaux de Troie).
Enfin, GreenSI ne peut pas ne pas parler de la plus élégante des attaques par DDoS – « Denied of service » – quand Google a affiché sa condamnation par la CNIL (comme elle l’avait contraint de le faire) en mettant un lien depuis sa page d’accueil vers le site de la CNIL… qui s’est immédiatement effondré, et a eu beaucoup de mal a rester en ligne tout le weekend.
Cette « atttaque » fut nominée pour le prix de l’humour IT 2014 de GreenSI, mais attendez la fin du prochain article pour découvrir le gagnant final de ce prix.
Le « legacy » sous le tapis :
Il y a 50 ans, le 7 avril 1964, IBM lançait son System/360 dont l’architecture matérielle et les logiciels inauguraient l’ère des systèmes informatiques. Des mainframes qui allaient demander un responsable des systèmes, puis en se développant dans l’entreprise, un Directeur des Systèmes d’Information.
Un père qui devient bien encombrant quand le DSI ne s’en est pas encore débarrassé. Un environnement mainframe qui doit encore perdurer et dont la maintenance et l’évolution des applications sont difficilement financées, car les DSI peinent à convaincre les dirigeants de l’entreprise de leur accorder des budgets.
Et pourtant il faudra bien réécrire certains programmes au coeur des processus. La notion de dette technique n’est pas encore toujours comprise, mais pas souvent expliquée par les DSI eux-mêmes.
L’open source incontournable dans le cloud :
OpenStack est un ensemble de logiciels open source permettant de déployer des infrastructures de cloud computing. De nombreuses entreprises ont rejoint la Fondation OpenStack dont IBM ou Intel. En 2014 Cisco fait l’acquisition de Metacloud et propose une solution SaaS de déploiement de cloud privé basée sur OpenStack. Un acteur de plus qui rejoint les adeptes de cet open source. Suivi par SAP qui rejoint le développement d’Openstack et HP qui investit 1 milliard dans Openstack.
OpenStack semble bien parti pour régner sur les environnements cloud.
Autre acteur de l’open source, Docker lève 40 millions de dollars pour poursuivre le développement de sa solution de virtualisation d’applications du même nom.
Une opportunité pour les DSI de faire d’une pierre deux coups, adopter l’open source et le cloud, via des clouds hybrides dont ils gardent la maîtrise ou qu’ils confient a des partenaires.
La consolidation de l’industrie des télécoms en Europe :
La dégradation des marchés des services de télécommunications en Europe a stimulé les opérateurs a se rapprocher pour réaliser des économies d’échelle et d’améliorer leurs parts de marché.
Deutsche Telekom met en vente sa filiale T-Mobile US, qui intéressa un moment Illiad, mais qui finalement acheta Orange Suisse en fin d’année. De son côté Numericable a bouclé le rachat de Virgin Mobile et BT achète EE.
La transformation de l’industrie des télécoms en engagée en 2014 et impactera a terme les offres et la stratégie des grandes DSI, pour le transport de données ou les offres de communication des salariés.
La réalité d’une offre de cloud « français » :
En 2014 c’est Cloudwatt qui relance la lutte face à Numergy en sortant (enfin) son offre d’un cloud hébergé en France et dont l’actionnariat est contrôlé en cas de tentative de rachat par un acteur non français. De son côté Numergy se fait agréer en juin 2014 Hébergeur de Données de Santé (HDS).
Mais n’oublions que les offres « made in France » existent aussi en dehors ce ces deux opérateurs issus du programme de cloud souverain de l’État. Chez Ikoula ou OBS par exemple.
Enfin on peut déplorer qu’en 2014 l’Europe n’ait pas mis le cloud européen dans son agenda.
Sur le front des Utilisateurs :
Savoir compter de 7 à 10, la saga Windows :
Le destin de la DSI est fortement lié a celui de ses fournisseurs. D’où l’importance d’en changer pendant les périodes où leurs offres ne sont plus en phase avec le marché, ou du moins dans ces moments de se reposer les bonnes questions et de ne pas reconduire mécaniquement les contrats.
Et 2014 en a certainement fait douter plus d’un sur la version de Windows à installer.
Le seul consensus de l’année: éradiquer Vista.
En revanche Windows XP s’arrêtant le 8 avril 2014, la résistance s’organise pour conserver ces machines qui fonctionnent encore très bien pour piloter les processus industriels ou l’information voyageur dans les gares par exemple.
Windows XP + Windows 8 : la pire équation possible pour Microsoft?
Conduisant HP à continuer de vendre des PC avec Windows 7, car Windows 8 n’a pas eu le succès escompté (8% en Europe en mars). Le patch de mars, version 8.1, fut très attendu car les utilisateurs voulaient que le bureau fasse son retour comme écran et s’annonca comme le vrai départ de Windows 8 pour les DSI.
Mais voila qu’en juillet le « patch tuesday » déclenche des « écrans bleus » et même des données perdues… les DSI sont encore sur le grill à cause d’un de leur fournisseur.
Windows 9 doit être dévoilé le 30 septembre par Microsoft mais ce n’est pas l’avis du nouveau CEO Satya Nadella qui demande de revoir la copie. Ce sera donc Windows 10, un nouvel OS hybride, et une approche différente qui sera choisie: plus d’1,5 million de testeurs, ou « insiders » avec un lancement annoncé à l’automne 2015 au plus tard.
Fin 2014 Windows 8.x double enfin Windows XP en base installée… et on aura parlé de 5 versions de Windows en un an dans l’actualité.
Et d’ailleurs, pourquoi garder le Windows que la DSI a dans la chaussure au fait?
En 2014 les Google Chromebooks sous Android explosent… mais restent un marché de niche adapté a certains usages.
C’est aussi la sortie d’iOS 8 en septembre. Mais le Mac est-il un corps étranger pour l’entreprise? Apple a du mal a s’y développer et va s’associer avec IBM pour cela.
En revanche, pour les tablettes et les smartphones, c’est iOS qui domine les déploiements en entreprise en 2014. Microsoft est présent avec WP8, mais uniquement sur les terminaux Windows Phone de Nokia dont il remplace la marque Nokia par ‘Microsoft Lumia’. Fin de l’histoire de celui qui a rayonné sur la téléphonie mondiale.
La bombe à retardement du BYOD :
Près de 8 millions de foyers français sont équipés d’une tablette. Vous pensez vraiment que vos salariés se sont pas concernés et qu’ils sépareront les usages professionnels des usages personnels? Peu de chance que ce soit le cas.
En 2014, le BYOD – Bring Your Own Device, a été régulièrement sur le devant de la scène, avec la question de sa maîtrise, que ce soit celle de son déploiement ou… de son interdiction quand le BYOD se transforme en informatique clandestine (« Shadow IT »). La question reste entière et les études montrent que les usages varient entre l’Europe, les Etats-Unis et l’Amérique du Sud (Brésil leader).
Le fameux portail de services, front office de la DSI orientée services, ne devrait-il pas l’intégrer? Capgemini et VMware se sont associées en 2014 pour annoncer une offre et aider la DSI à gérer le BYOD. Mais si les employés peuvent très bien comprendre ces problématiques de sécurité pour l’entreprise et de contrôle des appareils, voir d’accès a leurs données personnelles (photos, vidéos, SMS, etc.), il y a aussi des limites qu’ils ne souhaitent pas dépasser. Le BYOD ce n’est donc pas encore gagné.
C’est bien la bataille pour le contrôle du terminal qui est engagée entre les utilisateurs et l’entreprise.
Et puis après le BYOD, le BYOS – Bring Your Own Software – arrive. Et 2014 a montré la vigueur de ces offres de services en ligne complémentaires aux terminaux. Par exemple la nouvelle levée de fonds pour Dropbox désormais valorisé à 10 milliards de dollars. Le marché des plateformes de stockage en ligne et d’applications en ligne est en très forte évolution. Box prêt à entrer en bourse et à lever 250 millions de dollars et le Français Oodrive qui rachète Active Circle.
Le collaboratif en panne, l’email repart :
En 2014 Google entreprise change de nom pour Google for Work et décroche plusieurs contrats mondiaux. Longtemps seul sur ce créneau, les outils gratuits d’Office débarquent sur Office.com et Microsoft OneNote devient gratuit sur Mac et Windows.
IBM lance Connections 5, la nouvelle version de sa plateforme de collaboration.
Ces suites sont dopées par le développement du mobile et surtout des tablettes. Mais rencontrent la nouvelle concurrence des plateformes de stockage (Box, Dropbox…) associées à des interfaces emails qui se sont toutes améliorées en 2014.
De son côté Google lance Inbox, une interface qui catégorise les emails automatiquement et amène une certaine intelligence pour gérer un flux d’emails toujours plus en plus important.
Total et Siemens annoncent en 2014 qu’ils veulentbannir la consultation des e-mails en dehors des heures de bureau, et mais Siemens dément dès le lendemain.
2014 c’est aussi le bilan de l’inititative « Zero mail » d’Atos qui a voulu convertir tous ses employés au social. Le chemin accompli est énorme mais l’objectif « zéro » était un peu trop ambitieux.
C’est aussi la refonte pour Outlook, Yahoo! et même Laposte.net. L’email semble ne pas vouloir disparaître, mais sa boite devenir plus intelligente et fortement mobile.
D’ailleurs, signe des temps, Facebook va ferme son webmail (@facebook) montrant que social et email sont encore deux domaines séparés, mais s’offre WhatsApp, messagerie instantanée uniquement sur mobile, pour 19 milliards de dollars… juste avant que Google ne mette la main dessus.
Poste de travail en entreprise: PC, tablette ou smartphone ? :
2014 ne sera pas l’année de la reprise pour le marché mondial des PC. C’est ce que confirme le cabinet IDC qui prévoit un nouveau recul des livraisons d’ordinateurs. Pour les constructeurs, il s’agira donc de la 3e année consécutive de baisse.
Quelle est la stratégie tablettes pour votre entreprise?
La question s’est posée à plusieurs DSI en 2014. A la Société Générale par exemple dans le cadre de son programme de transition numérique « DigitForAll » qui va déployer les tablettes avec des solutions bureautiques. Et a Air France qui outre d’autoriser ses clients à utiliser smartphones et tablettes pendant le vol, va aussi poursuivre l’équipement de son personnel navigant.
Mais la DSI a parfois du mal a rompre sa relation avec un autre fournisseur, BlackBerry. Même si en 2014 la CNAV aura montré l’exemple en abandonnant BlackBerry au profit de l’iPhone.
Ce sera pour BlackBerry l’année du retournement avec « seulement » 207 millions de dollars de pertes contre presque 1 milliard un an auparavant. Un BlackBerry prêt a céder sa division messagerie (BBM), qui se lance dans les appels vocaux et le social, a l’instar de Whatsapp, un produit peut utilisé dans les entreprises.
Mais fin d’année les ventes de tablettes ralentissent, au profit des hybrides. Pour IDC, les quatre trimestres auront été marqués pour Apple par un recul des ventes mondiales d’iPad. Apple, comme les autres fabricants de tablettes, souffre de la saturation du marché et d’un cycle de renouvèlement plus long qu’attendu (mais rassurez vous avec les marges sur l’iPad peuvent souffrir longtemps).
Du côté des pros, la Surface Pro 3 débarque en France et vise les pros. Microsoft perd encore de l’argent avec Surface, mais ce peut être une piste pour certains usages, a condition de sortir du piège Windows 8 qui s’est refermé sur sa stratégie tablette (vue des consommateurs). Et puis signalons la tablette durcie de Samsung pour le marché professionnel, la Galaxy Tab Active qui embarque un lecteur NFC, et l’alliance Apple/IBM dans les entreprises qui est une vraie chance pour l’iPad.
Côté smartphone, 2014 c’est le lancement de l’iPhone6 le 9 septembre avec 10 millions d’exemplaires vendus en quelques semaines. Le phénomène Apple n’est pas prêt de s’arrêter.
Sur le front des Métiers :
En 2014, le digital business, c’est pour de vrai :
Dès janvier, Google a fait alliance avec les constructeurs automobile pour envahir le prochain des grands objets connectés après le smartphone: la voiture. Mais quelques mois plus tard, voilà que Google dévoile son propre prototype de voiture 100% autonome qui pourrait bientôt être autorisé à rouler en Californie. Une société de technologie qui concurrence des constructeurs avec du logiciel pour piloter un produit grand public, c’est l’illustration de l’ère du « digital business » quand le logiciel devient business.
L’entreprise qui a la capacité de le construire et de le maîtriser, possède un avantage concurrentiel qui peut déstabiliser rapidement une industrie. Sujet développé par GreenSI dans sa trilogie sur l’économie des applications.
Et quand Tesla Motors, et son génial patron ingénieur Elon Musk créateur de Paypal et de SpaceX, fabrique une voiture électrique plus rapide que tous les prototypes des constructeurs historiques, c’est une nouvelle démonstration de la capacité d’innovation de rupture des startups. Mixez les deux, logiciel et innovation de rupture, le cocktail risque d’être explosif dans toutes les industries.
Cela a au moins eu comme conséquence en 2014 d’accélérer la R&D des constructeurs. Ford a annoncé tourner le dos à Microsoft pour ses voitures connectées et a annoncé un partenariat avec Blackberry et son système d’exploitation QNX dérivé d’Android. La bataille ne fait que commencer.
Des startups auxquelles les grands groupes commencent à s’intéresser, comme Siemens qui crée cette année un fonds de 100 millions de dollars. Ou Crédit Agricole qui monte un incubateur géant, centre d’innovation dans Paris Le Village by CA, et GDF SUEZ qui organise un hackathon géant pour réinventer la relation clients dans l’énergie.
Mais quand on compare les $100 millions de Siemens, au crowdfunding (sites pour les particuliers comme kickstarter) qui aurait permis de lever 78,3 millions d’euros, on mesure que le pouvoir « de la multitude » peut être proche de celui d’un grand groupe pour financer l’innovation. De quoi remettre en cause beaucoup d’idées préconçues, déjà mises à mal par le fait que, depuis quelques années, l’innovation technologique vient de plus en plus des marchés grands publics (notamment financés par la publicité) et moins des marchés entreprises.
De plus, pour l’instant il semble que « le ciel soit la seule limite » (sky is the limit) si on regarde la croissance folle d’Uber. Une startup qui a réinventé l’expérience de déplacement dans la ville, et surtout cristallisé toutes les frustrations autour de cette nouvelle économie, qui sera bientôt valorisé plus de 10 milliards de dollars.
Les startups intéressent aussi les géants du net. Quand Google rate une opportunité, il n’hésite pas a y revenir, notamment dans la maison connectée où il s’est offert en 2014 Nest pour $3,2 milliards. Et a voir les gadgets connectés du CES 2014, où d’ailleurs la France fait déjà bonne figure, dans le futur tout sera connecté.
Bienvenue dans l’économie des applications. Et pour se donner un dernier ordre de grandeur, Apple a annoncé en 2014 avoir atteint les 10 milliards de dollars de revenus grâce aux Apps. Soit la moitié du chiffre d’affaire de SAP: la valeur des logiciels est peut être en train de se déplacer dans ce monde hyper connecté…
DSI et digital business, quelle organisation? :
La question du rôle de la DSI, au sein de l’entreprise, pour mener cette transformation a clairement marqué l’actualité de 2014.
Faut-il morceler la DSI ou doper son leadership sur le numérique? On a même vu un article « Les têtes doivent tomber à la DSI ». Mais bon, c’était un 1er avril…
Il n’y a pourtant pas de fumée sans feu car pour 28% de dirigeants IT, il n’y aura pas de transformation numérique réussie de l’entreprise sans changement de direction au sein de la DSI
Mais au delà de la question de l’organisation, ce que 2014 a amené, c’est la question de l’agilité pour fabriquer ce SI opérant dans ce monde numérique et d’une certaine façon de la capacité de la DSI à innover dans un monde numérique.
Connaissez-vous DevOps? Le chaînon agile manquant. En 2014 les projecteurs (conférences et témoignages) ont été mis sur cette démarche née quelques années auparavant et dont les adeptes augmentent tous les jours. Une transformation qui demande aussi de revoir ses méthodes de développement et de mettre en place de l’API management pour mieux échanger et contrôler avec son écosystème. Une étude a aussi révélé qu’un quart des budgets logiciels vont aller aux applications mobiles. L’industrialisation de leur développement, dans des environnements mobiles toujours plus complexes et hétérogènes, est devenue en 2014 une priorité.
Heureusement les offres pour outiller la DSI et prendre en compte cette dimension DevOps arrivent. Avec des éditeurs traditionnels comme CA et le français Axway, mais aussi avec l’open source où des startups qui se lancent sur ce créneau, de la gestion des livraisons à l’API management en passant par les livraisons en continue.
Et dans ce contexte, le datacenter, cloud privé, hybride ou public, redevient stratégique.
SEPA, fin de la saga :
Bascule décalée, puis re-décalée, la saga SEPA s’est terminée en 2014. C’était le prix a payer pour avoir un système de paiements unifié au niveau européen et l’adaptation de toutes les chaines informatiques qui en découle. Mais au moment où j’écris ces lignes, des courriers sont encore envoyés par des entreprises, pour s’excuser auprès de leurs clients de problèmes de prélèvement par mandat SEPA.
Le bigdata est mort, vive les megadonnées :
Si vous n’avez pas entendu le terme bigdata, c’est que vous revenez d’un voyage interstellaire. Même l’académie française sait ce que c’est, puisque que 2014 sera l’année de l’officialisation du terme « mégadonnées », pour le remplacer dans la langue de Molière. Un terme qui désigne ces volumes de données hétérogènes qu’ils va falloir traiter en temps réel pour y trouver de la valeur.
Et quand on mixe bigdata et open innovation on trouve par exemple le site Datascience.netqui propose aux « datascientists » français (ces profils de statisticiens que l’on s’arrache), de relever différents challenges proposés par des entreprises dans le domaine de l’analyse de données. Ainsi la SNCF voudrait mieux prévoir son trafic en gare et Ecometering, la filiale « smart energy » de GDF SUEZ, modéliser les consommations électriques des professionnels.
Mais le big data risque de buter sur la raréfaction des compétences, à l’instar de Salesforce qui serait en train, aux Etats-Unis, de « siphonner » les compétences de LinkedIn en embauchant méthodiquement, et un a un, son équipe de datascientists.
IBM, Microsoft, SAP… la transformation des dinosaures ? :
En 2014, IBM France a fêté son 100eme anniversaire et est loin de disparaître comme le prévoyait une tribune à laquelle GreenSI avait répondu par un billet d’inspiration darwinienne (pourquoi les dinosaures ne vont pas disparaître) et qu’ils allaient se transformer.
L’évolution est engagée en 2014 a coups de milliards. Dans Watson, la division autour des données, de la reconnaissance du langage et du prédictif, dans Softlayer le réseau de datacenter nouvelle génération, dans Cloudant éditeur de base de données NoSQL accessible dans le Cloud.
Mais IBM en 2014 c’est aussi la vente de sa division serveur à Lenovo, 10 ans après la vente de la division PC. Malheureusement c’est aussi un plan social en Europe et en Inde, qui touche la France et le site historique de La Gaude. Signe de cette transformation interne sans précédent, la fronde sur Facebook des salariés IBM avec la page »Roadmap to Hell ».
IBM n’est pas seul dans sa transformation. Oracle, SAP, Microsoft, Dell et HP, pour ne citer qu’eux, sont aussi des entreprises qui ont vu les débuts de l’informatique et doivent en 2014 remettre un tour de vis dans leurs stratégies de marchés.
Des poids lourds qui comptent encore puisque que pour l’étude de PWC publiée en mars 2014, Microsoft, IBM, Oracle et SAP dominent le marché des logiciels et du SaaS. Et le SaaS génère 86% des revenus mondiaux du Cloud. Mais leur transformation est engagée et plus généralement dans le logiciel car pour le Truffle 100 cuvée 2014, la croissance des ventes de logiciels des 100 premiers éditeurs européens passe de 10% (chiffres 2012) à 2,7% (chiffres 2013).
Dell qui s’est retiré de la bourse, après la reprise par son fondateur Mickael Dell, a engagé en 2014 un plan social sans précédent de 20 à 30% de ses effectifs.
HP va supprimer 11.000 à 16.000 emplois de plus et poursuivre son recentrage.
SAP a passé une année sous le signe du cloud, poursuivant l’acquisition de solutions SaaS (Concur pour 8,3 milliards de dollars, spécialistes des notes de frais). SAP veut devenir une entreprise du Cloud et entame pour cela une réorganisation en interne avec des annonces de postes supprimés (1.500 à 2.500 selon Reuters)
Chez Microsoft, 2014 c’est l’année de Satya Nadella aux commandes qui veut réinventer Microsoft. Windows Azure risposte face aux offres d’Amazon et de Google. La guerre des prix du stockage fait rage dans le cloud. Une restructuration est aussi engagée et la Finlande fait grise mine (pays de Nokia), avec l’annonce de 18.000 emplois supprimés dont 70% chez Nokia.
Mais citons aussi la création en 2014 de la .Net Foundation pour saluer la « libération » en open source d’une partie du code de .Net et l’alliance avec IBM afin de porter des applications majeures de Big Blue dans le Cloud de Microsoft. Deux choses impensables quelques années auparavant, la transformation est bien en marche.
Pour Oracle, 2014 c’est l’année du passage de témoin de Larry Ellison à la conférence annuelle. Pour GreenSI Oracle manque d’une stratégie lisible, c’est maintenant à Mark Hurd (ex HP) de la définir. Quoi qu’il en soit Oracle utilise en 2014 son trésor de guerre pour racheter a tout va dans le SaaS et dans le CRM au sens large (marketing et analytics).
Plus près de nous, en France, 2014 aussi sous le signe de la consolidation pour Sopra-Steria, devenue une ESN de 35.000 salariés, dont 8.000 en offshore, mais aussi pour Atos qui s’offre les activités informatiques de Xerox et de Bull.
L’emploi informatique en France a baissé, puis s’est re-stabilisé, puis rechute en novembre, avec paradoxalement des compétences très recherchées. La transformation va faire entrer l’industrie dans une période moins prévisible.
Pour les DSI c’est un risque d’instabilité de leur fournisseurs traditionnels.
Ça coince toujours pour la transformation des SI de l’Etat :
2014 est une année qui restera difficile pour les SI de l’État.
Le projet Dossier médical personnel a engloutis 500 millions d’euros pour des résultats peu probants, alors comment le relancer?
Louvois lui a coûté des centaines de millions depuis son lancement puis son arrêt en 2013. Mais cet arrêt ne règle rien et en 2014 il faut maintenir les chaines obsolètes des payes des corps d’armées, et définir un nouveau système cible qui engloutira lui aussi certainement des centaines de millions d’euros.
Sans citer les dégâts collatéraux de l’ecotaxessur les systèmes d’information du transport de marchandises, même si ces systèmes (et leurs investissements) ont été montés par le privé pour assurer un service public de collecte.
Et puis nouveau Premier Ministre oblige, l’informatique de l’État aussi va devoir faire des économies (40 millions). Pas de quoi affoler un DSI d’un grand groupe du privé, habitué a ces restructurations, mais pas simple dans un contexte de gouvernance des SI de l’Etat actuellement très éclatée entre ministères et agences autonomes.
Le renfort de cette gouvernance (via un décret du 1et Aout 2014 qui place les infrastructures et les systèmes d’informations transverses des ministères sous la tutelle des services du Premier ministre), sera assurée par Jacques Marzin a la tête de la DSI de l’Etat, dont le rôle pour la transformation numérique de l’Etat sera bien sûr essentiel. Comme celui du DSI du privé dans la transformation numérique de son entreprise, tout simplement.
L’Etat prend aussi conscience en 2104 de ces opportunités du numérique (et des risques) et confie une mission est à Philippe Lemoine pour évaluer les opportunités pour la France de cette transformation numérique. Un rapport qui sera rendu en fin d’année, après changement de Ministre et de Secrétaires d’Etat au numérique. Ce sera aussi l’année d’un discours du chef de l’Etat sur la stratégie numérique de l’Etat, très orientée cyberdéfense, et la nomination d’un CDO – Chief Data Officer – pour la France.
Sur le front des Clients :
Les Google Glasses: pour innover en mode « fail fast ! » :
2014 l’année de lancement des Google Glasses.
Certains pourront ergoter sur les flops de Google, en oubliant que c’est l’un des fondamentaux de l’approche d’innovation que de prendre des risques, et parfois d’échouer, pour identifier les vrais marchés et les vrais besoins. 2014 aura été l’année de la fermeture de nouveaux services de Google (Bump, Flock…) et de l’éclatement de la bulle des Google Glasses.
Peut-être que ces lunettes high tech ne verront pas le jour (au delà des prototypes achetés par des milliers de fans). Mais elles démontrent la démarche d’innovation tout azimut de Google dans tous les domaines et nous rappellent les règles de l’innovation.
Pour GreenSI, la DSI devrait s’approprier cette démarche d’essais-erreurs et d’adaptation permanente de ses projets et processus, de miser moins sur plus de chevaux et de savoir arrêter des applications peu utilisées.
La French Tech porte le numérique sur le devant de la scène :
Sur le front du support au numérique français, 2014 restera l’année du décollage de la FrenchTech. Cette marque pour la technologie française, derrière laquelle les milliers de startups françaises, en tout point du territoire, se sont retrouvées. Donc bravo à cette initiative des secrétaires d’Etat au numérique, Fleur Pellerin, puis Axelle Lemaire.
Un numérique qui s’est aussi invité dans les campagnes des municipales 2014 des grandes villes, et notamment à Paris. Mais le chemin sera long car l’étude des programmes de campagne a aussi montré que la France numérique avance à deux vitesses, et que la très grande majorité des Français attend encore le TGV (maturité des élus très faible, aménagement du territoire en haut débit, services en ligne locaux…)
En revanche, les citoyens eux, sont de plus en plus connectés et l’écart se creuse avec les élus. Comment accélérer cette mutation numérique restera une question pour 2015.
Source ZdNet.fr