Les Rencontres de la CST du 20 novembre 2009 ont été indiscutablement une réussite avec plus de 400 participants : techniciens du film, directeurs de production, producteurs, réalisateurs, agents, responsables du CNC. Les professionnels ont pu aborder un sujet qui nous préoccupe tous : le développement des films dits « Low Cost », en fait des productions à petits ou très petits budgets, qui représentent aujourd’hui près de la moitié de la création cinématographique française. A l’issue de ces Rencontres, il ressort que les films dits « Low Cost » sont souvent, en fait, des films « mal financés » :
Si parfois ce sous-financement est réellement la seule manière de faire exister certaines oeuvres, le mode du « Low Cost », en fait « Low Budget », aboutit surtout à ce que bien des oeuvres sont mises en production avec un projet non encore finalisé, un temps de préparation insuffisant, et/ou des conditions de tournage difficiles. Le monde du cinéma a, certes, toujours connu ces tournages « à l’arrache » pour des premiers films ou des projets très « spécifiques ». Lorsque ces conditions précaires deviennent la norme, c’est toute la chaîne de production qui se met ainsi en danger. Se mettre en danger, c’est concrètement faire que l’ensemble des techniciens et leurs savoir-faire ont de plus en plus de mal à trouver leur véritable place dans des projets sous-financés. Les industries techniques, amenées à négocier à des tarifs parfois en dessous du prix de revient du service proposé, ne peuvent plus assurer une véritable diversité de l’offre et beaucoup d'entre elles se posent la question de leur survie dans cet environnement économique.
C’est assez souvent l’innovation et la qualité des projets qui sont alors touchées.
Les intervenants et participants ont aussi mis l’accent sur des déséquilibres dangereux dans la répartition des moyens, avec parfois un budget plus que confortable pour la distribution des rôles de premier plan et, en contrepoint, des techniciens et des industries techniques pressurés, jouant ainsi « la variable d’ajustement » du budget.
Les débats ont montré que la situation est très préoccupante. Sans un environnement de techniciens et d’industries techniques fort et de qualité, c’est l’avenir du cinéma français qui est en jeu. Il est nécessaire que l’on choisisse entre rester une cinématographie majeure, capable de produire une diversité d’oeuvres pour tous les publics et dans tous les genres, ou devenir une cinématographie « Low Cost » seulement capable de créer, de temps en temps, quelques oeuvres d’exception.
La CST appelle tous les professionnels à réagir et à se mobiliser sur ces questions. Diverses
suggestions ont été faites par les intervenants et les participants concernant une convention collective élargie, une transparence et une réalité des prix après une concertation impérative des industriels du secteur, ou encore le rétablissement d’une déontologie vitale pour la profession.
Les adhérents et les partenaires de la CST ne trouvent plus aucun profit dans ce que certains feignent d’appeler « la concurrence libre et non faussée ». Un cinéma fort, diversifié, créatif et exigeant quant à la qualité artistique et technique, est possible en France, si l’on oublie la seule loi de « la jungle » et si l'on accepte celle de la nécessaire régulation.
Source : CST