Rétro-scoop

Nouvelles du passé, compréhensions nouvelles :
Apple ProRes RAW : NAB 2018

Dans le domaine de la post-production vidéo en RAW, Apple présente la dernière implémentation de son codec pendant le NAB 2018 : l’Apple ProRes RAW. À quoi peut bien servir un nouveau standard RAW propriétaire et compressé ? Auparavant, avant même de tourner, il fallait choisir son mode d’enregistrement en RAW, LOG ou REC709…

  • Le LOG et le REC709 partagent tous deux l’avantage de passer dans la même moulinette d’algorithmes des codecs (XAVC, AVC-Intra, DnxHD, ProRes…) pour réduire le débit numérique et diminuer la taille des fichiers sur les supports de stockage. Ils sont aussi peu gourmands en puissance machine (CPU/GPU) à la lecture ou lors du montage. Mais les choix techniques définitifs (notamment en gamma, gamut) validés lors du tournage réduisent la qualité des images enregistrées (contraste, dynamique, colorimétrie, sans oublier des artefacts de compression visibles liés au codec et à son ratio de compression).

DU RAW À TOUT FAIRE :
Le RAW offre pour sa part plus de latitude de travail en matière de piqué, de colorimétrie et de dynamique, mais il est pénalisé par les points suivants…

  • Poids des fichiers 4K, 6K, 8K très important (il peut être multiplié par 10 par rapport au fichier REC709 encodé en ProRes ou en DNxHD).
  • Complexité du processus de débayerisation : selon la puissance de calcul, l’image sera plus ou moins précise et qualitative.

Chez les fabricants, le RAW est plutôt synonyme de format non ou peu compressé et propriétaire (.arri pour les Alexa, .R3D pour les RED, Sony RAW en MXF pour Sony, etc.), exception faite de Blackmagic Design qui a opté pour le format .DNG d’Adobe (CinemaDNG RAW, CinemaDNG RAW 3:1, CinemaDNG RAW 4:1). Ce dernier est à ce jour le standard le plus universel pour un poids de fichier conséquent.
En dehors des fabricants historiques comme Arriflex, Panasonic ou Sony, la société RED était devenue la «  »championne de la solution du RAW léger » pour la production indépendante en proposant un RAW compressé pesant le même poids que le LOG ou le REC 709 standard, via la compression par ondelettes comme le JPEG2000. Sony fera de même quelques années plus tard avec un RAW compressé utilisé dans les F55 et F65.
Mais à cause du besoin important en puissance pour effectuer en temps réel la décompression des ondelettes, greffé au besoin de calcul pour la débayerisation des images RAW, l’utilisation des codecs REDcode (contenus dans les fichiers RED .R3D) en post-production exige des configurations informatiques musclées.
Le RAW compressé, c’est bien pour les disques durs, mais pas forcément pour les processeurs CPU ou GPU. Dès lors, en quoi le dernier-né d’Apple peut-il alléger le workflow ?
APPLE PRORES RAW : QUE DES AVANTAGES ?

Comparatif de performance entre la lecture d’un fichier REDcode RAW 5:1 et le ProRes RAW, avec un rapport de 1:8 dans ce test.

  • Apple se propose de fournir une solution universelle à l’enregistrement RAW, qu’il présente comme offrant beaucoup d’avantages : compression des images RAW pour atteindre le débit d’un simple fichier ProRes 422 HQ (en dessous de 300 Mbps), mais aussi une faible complexité de la compression ProRes (DCT) comparée à l’ondelette utilisée dans le REDcode, ne demandant que peu de puissance machine pour la relecture en post-production. Notez que c’est également l’idée que l’on retrouve derrière le RAW Compressé X-OCN de Sony qui offre un RAW allégé dans ses caméras Cine Alta.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en plus de la compression appliquée à l’image RAW, cette dernière n’a qu’une composante couleur à stocker (un fichier RAW ne comporte qu’une composante monochrome sur laquelle la débayerisation va s’appliquer pour extraire ensuite les valeurs R, G et B décalées spatialement dans l’image), alors que le ProRes doit compresser trois ou quatre composantes (R, G, B et canal Alpha, d’où la notation 4:4:4:4).
COMMENT DÉBUTER LE TRAVAIL AVEC DES FICHIERS APPLE PRORES RAW ?
Eh bien, en connectant la sortie RAW de votre caméra sur un recorder externe, par exemple un Atomos Shogun Inferno ou un Sumo 19″, à condition bien évidemment que votre caméra propose une sortie RAW via un signal HD SDI. Ensuite, il suffit de valider le codec ProRes RAW dans les options d’enregistrement après la mise à jour de votre firmware sur l’enregistreur externe, si le constructeur intègre bien sûr ce codec.

Voici les caméras actuelles compatibles avec cette option RAW via HD SDI…

  • Canon C300 Mark II
  • Canon C500
  • Sony FS700
  • Sony FS5
  • Sony FS7/FS7 II
  • Panasonic VariCam LT
  • Panasonic EVA1

Deux niveaux de compression sont disponibles, standard et HQ…

  • Apple ProRes RAW standard 4K en 25p, de 40 à 100 Mo/s (équivalent au 422HQ)
  • Apple ProRes RAW HQ 4K en 25p, de 80 à 140 Mo/s (équivalent au 4444XQ)

Le résultat est un fichier RAW 12 bits compressé, destiné dans les premiers temps à la toute dernière version de Final Cut Pro X (10.4.1) qui est optimisée pour la décompression et l’exploitation du codec.
AVIS :
On aurait pu penser au cours de ces dernières années que le public « Mac » n’était pas la priorité d’Apple, l’iPhone, l’iPad et le matériel grand public ayant pris beaucoup de place dans la stratégie – et le chiffre d’affaires – de la marque. Nonobstant, ces dernières annonces semblent indiquer que la pomme se soucie toujours du monde de la post-production audiovisuelle, notamment dans le haut de gamme avec cette dernière mise à jour de la famille ProRes, dont l’histoire débute en 2007 sur les traces d’Avid et de son codec DnxHD.
Il est fort à parier que ce codec RAW sera adoubé rapidement par les acteurs du marché, à commencer par les enregistreurs externes qui font du RAW. Nous verrons ensuite si les constructeurs de caméras l’adoptent ou pas. Le Zenmuse X7 de DJI fait déjà mention du ProRes RAW dans ses spécifications…
Source : Focus Numérique

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