Depuis l’apparition des premiers téléviseurs à écran plat, que de progrès techniques accomplis ! La résolution indigente des tout premiers modèles a successivement laissé place aux modèles HD Ready 720p (1366 x 768 pixels, HDTV) puis Full HD 1080p (1920 x 1080 pixels, HDTV 1080p). Mais la HD telle que nous la connaissons actuellement n’est qu’une étape dans l’histoire du téléviseur et de la diffusion des images. La technologie ne cesse d’évoluer dans ce domaine et le prochain format d’image haute définition pointe déjà le bout de son nez chez les plus grand fabricants : c’est le format UHD, pour Ultra Haute Définition.
Quel est ce nouveau format ?
Le format 4K, appelé aussi Ultra HD ou UHD (et 4K UHD chez Sony), est donc en passe de devenir le nouvel étalon dans l’univers de la haute définition domestique. Derrière ce terme se cache ainsi une nouvelle norme d’affichage de l’image en très haute définition qui correspond à 4 fois le format HD 1080p, soit 3840 x 2160 pixels. Attention ! Ce format qui a été officiellement reconnu par le CEA comme norme internationale de diffusion des œuvres en Ultra Haute Définition ne concerne que l’usage domestique. La résolution 4K utilisée depuis quelques années pour le tournage et la diffusion des films dans les cinémas équipés étant de 4096 x 2160 pixels.
Pourquoi une telle évolution ?
L’origine est à chercher du côté des grands studios hollywoodiens. L’industrie américaine du cinéma ne cesse d’évoluer afin d’offrir plus de divertissement aux spectateurs. Déjà à l’origine du développement du DVD, puis de la haute définition et du Blu-ray, l’industrie du cinéma est de nouveau prescriptrice avec la Ultra Haute Définition. N’oublions pas que SONY, l’inventeur du disque Blu-ray, est également l’une des plus grosses sociétés productrices et distributrices de films, et fabrique aussi tous les appareils nécessaires à la réalisation et à la diffusion des films, depuis la caméra professionnelle jusqu’aux projecteurs de cinéma. Or, si de plus en plus de films sont tournés en UHD (4K) pour le cinéma 3D, la question se pose de prolonger la chaîne de diffusion de ces œuvres jusque dans les foyers et donc de créer des téléviseurs et des vidéoprojecteurs capables de diffuser ces images UHD.
Quel est l’intérêt de la Ultra Haute Définition ?
Au-delà de l’intérêt évident pour les fabricants d’écrans plats pour qui le renouvellement fréquent du parc de téléviseurs est une aubaine, l’Ultra Haute définition présente un réel intérêt pour le consommateur final.
Comme au cinéma, elle permet de bénéficier d’une très grande taille d’image en conservant une excellente qualité, puisque la taille des pixels est suffisamment petite pour n’être pas perceptible. En effet, sur un écran de très grande taille, la résolution HDTV 1080p (Full HD), avec ses 1920 x 1080 pixels montre rapidement ses limites : les pixels sont clairement visibles à l’oeil nu lorsqu’on s’approche de l’écran. Avec une définition UHD, les pixels deviennent donc quasiment indiscernables, ce qui permet de profiter d’une très grande image en limitant le recul nécessaire. On est alors carrément plongé DANS l’image, avec une définition très poussée et une profondeur de champ proche d’une vision tridimensionnelle.
Par ailleurs, l’Ultra Haute Définition permet d’envisager le développement de téléviseurs 3D Haute Définition sans lunettes ! Philips et Panasonic en ont d’ailleurs récemment fait la démonstration (CES et IFA 2012 ) avec leurs téléviseurs 3D sans lunettes 4K voire 8K (Panasonic).
Quels contenus ?
Aujourd’hui, la très grande majorité des films tournés en numérique le sont en résolution UHD 4K. Depuis la captation jusqu’à la postproduction et la diffusion dans les salles, toute la chaîne de diffusion cinématographique numérique est capable de travailler dans cette résolution. L’édition Blu-ray des productions cinématographiques récentes est quasiment toujours réalisée à partir d’un master UHD 4K. Les films en UHD sont donc déjà une réalité, reste à trouver le moyen de les diffuser dans les foyers.
Côté production télévisuelle, des projets commencent à voir le jour. Aux USA, la chaîne 3net, née du partenariat entre Sony, Discovery Communications et IMAX qui diffuse des programmes exclusivement en 3D annonce la création d’un studio dédié à la réalisation de programmes TV en UHD. Le premier programme TV en 3D Ultra HD native sera une série documentaire dédiée à l’histoire et à l’évolution de l’univers sobrement intitulée « Space ». Au Japon, la NHK continue d’expérimenter la diffusion de programmes UHD, et semble vouloir s’orienter très rapidement vers une résolution encore plus grande : le 8K !
Enfin, des appareils UHD 4K qui vous permettent de réaliser vos films personnels en Ultra Haute Définition commencent à arriver sur le marché comme la caméra ultracompacte Go Pro Hero 3 et le caméscope professionnel compact JVC GY-HMQ10. De son côté, SONY innove avec un nouveau format d’enregistrement vidéo UHD 4K destiné aussi bien aux professionnels qu’aux vidéastes amateurs : le XAVC, codec évolutif basé sur la norme MPEG-4 AVC/H264.
Quels moyens de diffusion ?
À l’heure actuelle, les moyens de diffusion traditionnels (TNT, Câble, Satellite, TV par Internet) ne permettent pas de diffuser les programmes en UHD. Il faut repenser dans son intégralité la chaîne de diffusion en prenant en compte les contraintes techniques imposées par ce nouveau format. Cela nécessite des investissements qui peuvent être longs à mettre en place. Même le disque Blu-ray n’offre pas une capacité de stockage suffisante pour accueillir l’intégralité d’un film de 2 heures au format UHD 4K.
Néanmoins, les solutions techniques existent. Expérimentée au Japon depuis quelques années par la NHK qui fait figure de précurseur en la matière, la diffusion de programmes TV en UHD 4K par satellite a également été testée avec succès par la BBC lors des jeux olympiques de Londres. Si la diffusion hertzienne est trop limitée en terme de débit et de bande passante pour satisfaire aux exigences de la Ultra Haute Définition, la solution semble donc être à chercher du côté du câble, de la fibre optique et du satellite, cette dernière solution étant privilégiée pour son plus large potentiel en terme de couverture. Les prochains grands événements sportifs (coupe du monde de football au Brésil, prochaines Olympiades) seront sans doute l’occasion d’expérimenter à plus grande échelle la diffusion en Live d’images en UHD. Côté support physique, le Blu-ray est pour l’instant trop limité pour le stockage de films en Ultra Haute définition. L’achat en ligne avec téléchargement et stockage sur disque dur semble être actuellement la solution la plus simple à mettre en œuvre, en attendant l’éventuel développement de nouveaux supports physiques de très haute capacité.
Quels appareils ?
Pour profiter d’une image UHD 4K, il faut être équipé d’une source (lecteur Blu-ray, ampli audio-vidéo, décodeur satellite UHD) capable de délivrer une image dans cette résolution (native ou upscalée) et d’un diffuseur compatible, à savoir un téléviseur ou un vidéoprojecteur.
Pour l’heure, la diffusion d’oeuvres au format UHD 4K est cantonnée aux salles de cinéma équipées et aux expérimentations de grands groupes média comme la NHK ou la BBC. En l’absence de contenus disponibles nativement en UHD 4K sur les réseaux de diffusion traditionnels, le fabricant américain de lecteurs Blu-ray Oppo et la plupart des fabricants d’amplificateurs audio-vidéo (Denon, Marantz, Onkyo, Yamaha) proposent déjà des produits capables de « fabriquer » une image UHD 4K à partir d’une source en 1080p, voir en définition standard (DVD).
Côté téléviseur, les principaux acteurs du secteur – LG, Philips, Panasonic, SONY et Toshiba – sont prêts à lancer leurs produits sur le marché. Les premiers téléviseurs vont être commercialisés fin 2012 et début 2013, avec notamment le Toshiba 55ZL2 affichant une image de 139 cm de diagonale en 3D et sans lunettes, le LG 84LM9600, un téléviseur 3D de 213 cm de diagonale et le SONY KD-84X9005, également 3D avec lui aussi une image de 213 cm de diagonale. Philips et Panasonic devraient également suivre, le premier avec un téléviseur 4K 3D sans lunettes, le second avec un écran 4K 3D sans lunettes de 261 cm de diagonale et un téléviseur 8K de 368 cm de diagonale déjà présentés à l’IFA et très attendus au prochain CES en janvier 2013.
Enfin, côté vidéoprojection, SONY et JVC sont les premiers à dégainer. Avec son VPL-VW1000 (résolution native 4K, 2 000 lumens, contraste dynamique 1 000 000:1) SONY s’appuie sur son expertise acquise sur le marché du cinéma professionnel pour proposer un vidéoprojecteur avec une résolution native de 4096 x 2160 pixels : c’est le format UHD 4K utilisé au cinéma. Quant à JVC, son offre comprend 3 références de vidéoprojecteurs avec upscaling des films 1080p au format 4K, les modèles DLA-X55, DLA-X75 et DLA-X95. Ces derniers exploitent une technologie propriétaire de doublement de la résolution horizontale et verticale de l’image afin d’afficher une image proche de la résolution 3840 x 2160 pixels. Nul doute que les autres acteurs du marché de la vidéoprojection (Epson, Mitsubishi, Optoma) ne tarderont pas à proposer leurs produits compatibles UHD 4K.
Quel format(s) d’images pour l’avenir ?
L’avenir de la Ultra Haute définition, Panasonic et la NHK s’y préparent déjà en orientant une partie de leurs crédits en R&D sur le format 8K, le successeur annoncé de l’UHD 4K. Avec une résolution 16 fois supérieure à la résolution Full HD 1080p actuelle (soit une résolution de 7680 x 4320 pixels !), l’image devient aussi précise que la réalité. Chez NHK, on hésite encore à investir à grande échelle dans une coûteuse chaîne complète de production et de diffusion UHD 4K en sachant que du matériel UHD 8K sera disponible à l’horizon 2015. Quant à Panasonic, le géant japonais a récemment démontré sa parfaite maîtrise de ce sujet avec un téléviseur 8K de 368 cm de diagonale qui a fait sensation sur les salons sur lesquels il a été présenté.
Source : son-video.com